Prise en charge kinésithérapique du lombalgique (texte court)
 
Conclusions
 


La Conférence de Consensus, ayant examiné le degré de validité des méthodes actuelles de prise en charge kinésithérapique, recommande certaines thérapeutiques guidées par des principes généraux d'un programme de rééducation.

Principes généraux de prise en charge du patient lombalgique

Lombalgie aiguë Lombalgie chronique

Ne pas nier la réalité de la douleur

Accepter la réalité de la douleur

Dédramatiser et rassurer en expliquant la douleur

Informer et dédramatiser

Maintenir debout et mobile

Inciter le patient à se prendre en charge de façon active

.

Enseigner et contrôler les activités gestuelles

.

Redonner confiance dans les gestes quotidiens

Encourager la reprise précoce d'activités

Promouvoir et organiser la reprise progressive des activités quotidiennes , professionnelles et de loisirs

Identifier les effets iatrogènes du traitement

Identifier les effets iatrogènes du traitement

.

Prendre en compte le contexte psychosocial

.

Intégrer la prise en charge dans une approche pluridisciplinaire

Prévenir l'évolution vers la chronicité

.

La place de la kinésithérapie est définie dans les recommandations ci-dessous.

I. Recommandations générales

I.1. Associer les techniques à bon escient

Les programmes de traitement doivent en premier lieu utiliser et associer des techniques dont l'efficacité est démontrée, seules ou en association.

Les données des essais cliniques peuvent militer en faveur de l'efficacité d'une association de plusieurs techniques bien que chacune, prise individuellement, n'ait pas d'efficacité démontrée. Il en est ainsi des associations de massages à visée antalgique et décontracturante avec des techniques de gain de mobilité (mobilisations spécifiques segmentaires du rachis) et avec des techniques à visée fonctionnelle (gymnastique en cyphose ou en lordose, ajustements posturaux).

Recommandations

Sur la base d'un consensus professionnel fort, le Jury recommande que les programmes de soins proposés aux patients comprennent une association équilibrée de techniques variées dont la majorité devrait avoir une efficacité démontrée. Dans tous les cas, les soins dits passifs dont l'efficacité est prouvée mais limitée dans le temps ne doivent avoir qu'un rôle adjuvant.

I.2. Adapter les soins

L'évaluation permet de mieux observer le danger d'évolution vers la chronicité. La qualité de vie et la satisfaction du patient doivent jouer un rôle important. Dans le choix du traitement, les échanges d'information et de point de vue entre professionnels de santé, à propos de leurs patients doivent être encouragés.
Le Jury recommande une adaptation des textes réglementaires français pour permettre une prise en charge en groupe, en kinésithérapie libérale.

Recommandations

Sur la base d'un consensus professionnel, il faut informer le patient des diverses possibilités thérapeutiques et lui proposer un contrat de moyens et d'objectifs tenant compte des résultats du bilan du kinésithérapeute, et aussi des attentes et des opinions que le patient a exprimées. Lors du déroulement du traitement, les options thérapeutiques (poursuite ou abandon d'une technique, par exemple) devront être fondées sur l'appréciation subjective du kinésithérapeute, sur les résultats de bilans intermédiaires et sur le vécu en retour exprimé par le patient.

Le Jury recommande aux médecins prescripteurs de joindre une liste d'objectifs de traitement à leur ordonnance. En retour, le kinésithérapeute doit adresser au médecin traitant une copie de ses bilans de début et de fin de traitement. Il est nécessaire de développer les échanges d'informations normalisées entre acteurs de santé qui prennent en charge le patient.

I.3. Encourager la recherche française en kinésithérapie

Le Jury a été frappé par la rareté des travaux de validation des tests diagnostiques et des travaux d'évaluation des pratiques de kinésithérapie dans les lombalgies, qu'elles soient aiguës ou chroniques. La plupart des travaux de bonne qualité méthodologique a été menée dans des pays anglo-saxons ou nordiques, où les pratiques de kinésithérapie sont parfois très différentes des pratiques courantes en France. Or, les experts comme les membres du Jury ont été unanimes pour estimer que le développement de travaux de recherche clinique en kinésithérapie était insuffisant dans notre pays.

Recommandations

Le Jury recommande l'étude des mesures réglementaires, légales ou administratives souhaitables pour favoriser et encourager la recherche clinique spécifique ou pluridisciplinaire par les kinésithérapeutes.

II. Recommandations pour le traitement kinésithérapique des lombalgies aiguës

Le traitement par la kinésithérapie se justifie en l'absence d'une amélioration suffisamment rapide et complète chez des patients présentant d'importants facteurs de risque de chronicité (en particulier professionnels).

Les traitements à visée antalgique (notamment les massages manuels) ne doivent jouer qu'un rôle adjuvant en rendant moins pénible les exercices physiques et en améliorant la relation entre le thérapeute et le patient. Les autres techniques de traitement semblent d'intérêt accessoire.

III. Recommandations pour le traitement kinésithérapique des lombalgies chroniques

Les lombalgies chroniques sont une indication de choix pour les traitements de musculation intensive et de réadaptation à l'effort, au cours desquels les patients doivent poursuivre les exercices dans les limites de la douleur. Ces traitements doivent pouvoir être menés en ambulatoire, éventuellement lors de séances de groupe. Il doivent s'accompagner de conseils ergonomiques et d'hygiène de vie.

La nécessité de prévenir la chronicité incite à utiliser précocement les moyens d'efficacité reconnue au stade chronique (au troisième mois de persistance des douleurs).

Dans les cas compliqués par l'ancienneté des troubles ou une désinsertion socioprofessionnelle, la prise en charge kinésithérapique doit s'intégrer à une prise en charge plus générale (médicale, psychologique et sociale) impliquant l'action d'une équipe pluriprofessionnelle.


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