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D’improbables pacificateurs

Angelo Panebianco Corriere Della Sera © Traduction française Albert Capino pour PRIMO-Europe ©

vendredi 23 juillet 2004
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Les vingt cinq Etats de l’Union européenne ont voté à l’assemblée générale de l’ONU en faveur de la résolution qui, en conformité avec la résolution de la Cour Internationale de Justice du 9 juillet, demande à Israël d’abattre le mur qui le sépare des territoires palestiniens, construit pour bloquer les attaques terroristes.

Israël a qualifié « d’honteux » le soutien des Européens à la résolution et a stigmatisé le comportement de la France, dont les efforts furent particulièrement actifs auprès des autres pays européens pour faire passer le vote.

Dans l’intervalle, la France est au centre de l’une des plus désagréables controverses avec Israël, après que le Premier ministre israélien Sharon ait invité les Juifs français à se réfugier en Israël, pour échapper à une situation sans cesse plus pesante (les manifestations d’antisémitisme, y compris violentes, ont depuis quelques années une fréquence quasi-quotidienne en France).

Le Président Chirac, par mesure de rétorsion, a déclaré qu’une visite de Sharon était inopportune dans son pays. Dans cette phase historique, la résurgence de l’antisémitisme en Europe et le conflit Israélo-palestinien sont intimement liés et l’Europe ne peut pas feindre d’ignorer que sa politique envers Israël a accumulé des ombres pesantes.

Par-dessus tout, elle prétend occuper un rôle pacificateur dans la région. Le cas de la France est emblématique. Pendant des années, les autorités ont minimisé le phénomène de la montée de l’antisémitisme (bien que de nombreux actes semblent dûs aux extrémistes islamistes, beaucoup sont le fait de l’extrême droite et de l’extrême gauche françaises).

C’est seulement ces derniers temps, lorsqu’il ne fut plus possible de fermer les yeux, que le gouvernement a pris acte de la gravité de la situation et s’est efforcé de la contrer. Il existe une probable connexion entre la recrudescence de l’antisémitisme et la position française dans le conflit israélo-palestinien.

Depuis toujours aux côtés des Palestiniens d’Arafat, le gouvernement [français NDLR] n’a jamais fait quoi que ce soit pour assumer une position plus équilibrée dans ce conflit, ni pour promouvoir dans l’opinion publique une vision moins partisane. Les autres pays européens, avec quelques accents variables (et quelques prises de position dissonantes, comme celle pro-israélienne du gouvernement Berlusconi), suivent pour la plupart la France.

Désireux de ne pas irriter leur communauté musulmane et de ne pas compromettre leurs rapports avec les pays arabes, ils ont choisi depuis des années de ne pas avoir une position super partes dans le conflit israélo-palestinien.

C’est cette Europe qui, il y a deux jours à l’ONU, ne s’est même pas posé la question de savoir s’il était au moins loisible de s’abstenir sur la question du mur (grâce auquel les attentats des kamikazes contre la population israélienne ont diminué de manière drastique).

Mais l’Europe doit affronter trois problèmes.

Le premier est que ses positions finissent, comme on l’a vu - fût ce involontairement - par alimenter l’antisémitisme.

Le second est que ses cartes diplomatiques au Moyen-Orient sont désormais érodées. Le « champion » sur lequel elle a toujours misé, Arafat, est un satrape au centre d’un système de corruption que l’Europe a elle-même alimenté avec ses propres fonds et qui est en ce moment contesté par un nombre croissant de Palestiniens.

Le troisième est que le contexte d’une guerre entre l’Occident et le terrorisme islamiste place les relations entre les démocraties européenne et israélienne , comme ces jours derniers, proches d’un point de rupture qui ne peut favoriser la sécurité de l’Occident et de l’Europe.

Plutôt que de se prendre pour les pacificateurs improbables du Moyen Orient, les gouvernements européens devraient finalement avoir une « franche discussion » sur toutes les erreurs qu’ils ont commises.


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