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Albert Capino
vendredi 18 juillet 2008
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La Knesset a voté une résolution selon laquelle l’évacuation de tout territoire souverain serait dorénavant soumise à un référendum. Bel exemple de démocratie. Mais cette motion la sert-elle vraiment ?
Un vote tempèrerait le risque d’évacuation unilatérale comme à Gaza en 2005, avec toutes ses conséquences tragiques encore non résolues. Mais en dehors des aspects sécuritaire et diplomatique dans l’espoir d’obtenir la paix avec ses voisins, Israël prendrait ce faisant un risque qui pourrait se révéler fatal.
Dans une négociation, il est tout aussi important d’apprécier avec qui l’on traite que l’objectif qu’on s’est fixé. Dans le cas de la paix, il est indispensable de partager une même volonté d’aboutir de part et d’autre de la table de négociations, et que les deux parties s’engagent de manière équilibrée. Une reconnaissance sans ambiguïté, un abandon de la violence et un respect des accords conclus, doivent irrévocablement compenser des concessions territoriales dans le cadre d’un traité de paix, si l’on souhaite qu’il ne demeure pas un vain « bout de papier ».
L’évacuation unilatérale de Gaza n’a laissé entrevoir aucun aspect positif depuis trois ans. Au contraire : n’étant contrebalancée par aucun engagement politique, elle n’a fait que de renforcer le Hamas, encouragé par ce qu’il considère comme une « victoire ».
Olmert semble penser qu’une paix avec la Syrie pourrait redorer son aura et sauver son gouvernement moribond. Qui plus est, il se retrancherait hypocritement derrière la « volonté du peuple » pour une nouvelle reculade, l’abandon du Golan cette fois, sous forme d’un un référendum.
Un vote populaire en vue d’une éventuelle évacuation, effectué dans l’espoir d’une paix hypothétique et dans un moment d’euphorie, pourrait occulter des aspects très inquiétants.
Après l’accumulation des erreurs d’appréciation d’un homme propulsé à la tête du gouvernement, sans l’expérience et le charisme de Sharon prématurément disparu de la scène politique, un retrait du Golan pourrait créer une rupture profonde dans l’équilibre de la région.
En effet, il ne faut pas perdre de vue qu’Israël gère jusqu’à présent son approvisionnement en eau de manière autonome.
De nouvelles évacuations en échange de la paix, pourraient remettre en cause cet état de fait. C’est probablement le péril le plus grave auquel le pays aurait à faire face. À la différence d’une riposte militaire, ou d’une barrière anti-terroriste, Israël n’a pas de solution immédiate pour pallier à un manque d’eau. Le lac de Tibériade a atteint un seuil critique depuis cinq ans et les crevasses dans le Néguev font état du faible niveau d’hydrométrie dans le pays.
En dehors de l’eau pluviale et de la désalinisation de l’eau de mer, les trois sources principales d’eau douce en Israël sont le bassin du Jourdain à l’Est, le lac de Tibériade en aval du Golan et la Galilée au Nord, par le Wazzani arrosant depuis le Liban Sud.
Pour l’heure, la répartition de l’eau fonctionne entre la Jordanie et Israël, depuis la signature de l’accord de paix d’octobre 1994 dont elle fait intégralement partie.
Un abandon du contrôle du Golan signifierait pour Israël, mais aussi pour la Jordanie, de mettre une grande partie de leur approvisionnement entre les mains des Syriens et des Libanais [dont le Hezbollah fait à présent partie du gouvernement]. Les cours d’eau Golan et Yarmouk alimentent à eux seuls 50% du Jourdain.
Pour la Syrie, le Golan ne répond à aucun besoin vital. Par le passé, elle a tenté de détourner à quatre reprises le Yarmouk ou les sources du Jourdain sur le Golan pour priver Israël d’eau entre 1949 et 1967.
Plus que de retrouver une souveraineté sur le Golan, la Syrie se sert de cet argument comme alibi pour se servir de l’eau comme arme politique.
Dans le même temps, les Palestiniens revendiquent dans leurs négociations l’eau des aquifères de Judée et de Samarie.
À l’instar des organisations terroristes palestiniennes qui ont volontairement pollué le Jourdain, le Hezbollah a déversé des eaux usées non traitées dans le Nahal Ayoun, une rivière qui arrose Israël. Ce délestage suivit de près le projet libanais de détourner les eaux du Wazzani pour les empêcher d’alimenter le Hatzbani, qui se déverse ensuite dans le Jourdain et le lac de Tibériade*.
Une situation à haut risque, que le texte d’un référendum doit rappeler en détail, afin que les futurs votants puissent mesurer les conséquences dramatiques d’une évacuation éventuelle du Golan sur l’approvisionnement en eau d’Israël...
La paix avec la Syrie*** ? Qui n’en voudrait pas en Israël ? Mais à quel prix !
Une paix qui entraînerait un chantage supplémentaire sur les sources fournissant une majorité de l’eau potable à toute la région : Israël, Liban et Jordanie et ferait à terme probablement autant de dégâts que si Bachar El Assad pointait sur ses voisins une arme de destruction massive !
Et l’actuel gouvernement serait prêt à lui fournir, en s’adossant à la « volonté populaire »... ?
Que le gouvernement d’un pays pourtant en position de force puisse suggérer une paix aussi capitularde engage donc sa responsabilité ! Les calamités qu’il contribue à générer s’accumulent de manière insupportable :
Sdérot traumatisée, villes du Nord sous une menace renouvelée, familles de victimes méprisées, seuil de pauvreté inacceptable, corruption omniprésente, ouverture des prisons pour libérer des meurtriers psychopathes, populations terrorisées, œillères et sourdines : quand ce sont des civils qui doivent sans cesse se substituer aux carences du gouvernement, cela signifie qu’il doit partir !
Plus que de voter sur l’évacuation de territoires souverains, pour lesquels des milliers de soldats ont perdu la vie ou sont restés invalides depuis 1973**, on se plaît à espérer que la sagesse populaire boutera dehors une équipe autiste.
A.C.
Sources documentaires :
L’EAU dans les relations israélo-arabes : dossier réalisé pour Proche-Orient Info en mai 2002 par Raphaël Godefroy et Audrey Kichelewski , sous la direction de Michel Abitbol, historien, université hébraïque de Jérusalem.
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