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"Les chemins pour aller de l'avant au Moyen-Orient"

par ARIEL SHARON
New York Times - 9 juin 2002 - traduction Desinfos

Il y a trente-cinq ans, le 5 juin 1967, au début de la Guerre des Six Jours, Israël a fait face à une menace pour son existence même alors qu'une coalition d'armées arabes avait massé leurs troupes le long des lignes d'armistice fragiles qui avaient séparé les forces arabes et israéliennes depuis 1949. Le long des collines de la Rive occidentale, qui avait été occupée par les Jordaniens, des blindés et des unités d'infanterie avaient été déployés, prêts à couper la plaine côtière étroite d'Israël, qui avait seulement huit milles (13 Kms) de largeur à Netanya. Un tiers de l'armée irakienne traversait le territoire jordanien, prête à rejoindre la coalition contre Israël. Le but déclaré de l'attaque était l'élimination d'Israël.

Israël est entré dans la Rive occidentale seulement après que ses villes et aéroports aient été lourdement attaqués. Les actions israéliennes étaient légales - résultant nettement d'une guerre d'autodéfense. C'est pourquoi, le Conseil de Sécurité des Nations Unies a déterminé dans une décision historique, la Résolution 242, que Israël avait le droit " à des frontières sûres et reconnues" et ne devait pas se retirer de tous les territoires dans lesquels ses forces étaient entrées - et d'où il avait été attaqué - pendant la Guerre de Six Jour. En effet, la résolution établissait que ceux-ci étaient des territoires discutés où Israël avait des droits légitimes d'avoir des frontières défendables, parrallèlement aux affirmations des parties arabes au conflit.

Selon la Résolution 242, qui est devenu la pierre angulaire de la conciliation, Israël s'est retirée de la Péninsule du Sinaï conformément au traité de paix de 1979 avec l'Egypte. C'était selon les principes de Résolution 242 qu'Israël a suivi la conférence de paix de Madrid de1991 où le Président George H. W. Bush (père) a parlé "d'un compromis territorial" entre les parties. Et de nouveau conformément à la Résolution 242, Israël, agissant conformément à l'accord d'Oslo de 1993, a retiré son gouvernement militaire sur la population palestinienne pour que avant 1999, 98% des Palestiniens de la Rive occidentale et de la Bande de Gaza soient sous autorité palestinienne.

Néanmoins, la direction palestinienne a décidé d'amorcer la guerre actuelle contre Israël après l'échec du sommet de Camp David en juillet 2000. Plutôt que de résoudre pacifiquement les différends entre Palestiniens et Israéliens, elle a délibérément promu une vague d'attaques terroristes contre le peuple d'Israël.. Elle a échoué à mettre en oeuvre ses obligations écrites de démanteler les groupes terroristes internationaux comme le Hamas et le Jihad Islamique. Au lieu de cela, elle leur a fourni un sanctuaire dans le secteur sous sa juridiction. Elle a aussi lâché, certaines de ses forces les plus loyales, comme la milice Tanzim du mouvement Fatah et la garde présidentielle, la Force 17, contre des civils israéliens. Finalement, le conseiller financier personnel de Yasir Arafat, Fuad Shubaki, a non seulement financer beaucoup de ces attaques, mais aussi organisé un consortium du terrorisme au Moyen-Orient construit avec l'Autorité Palestinienne, l'Irak et l'Iran.

Malgré cette situation, il y a une voie pour aller de l'avant. D'abord, Israël doit vaincre le terrorisme; il ne peut pas mener des pourparlers sous le feu. Israël a fait auparavant des concessions douloureuses pour la paix et démontrera sa flexibilité diplomatique pour faire la paix de nouveau, mais il exige tout d'abord un partenaire fiable pour la paix. En 1977, quand le Président égyptien Anwar el-Sadat est venu à Jérusalem, il a dit au peuple d'Israël, "Plus de guerres ." Avec cette avancée, la menace de violence a été enlevée du rapport Égypto-israélien comme cela a été négocié par leur Traité de Paix de 1979. Le roi Hussein de Jordanie a suivi le même modèle en 1994. Cette obligation élémentaire de renoncement à la violence, d'une manière permanente dans la résolution de différents politiques n'a pas malheureusement été tenue par la direction palestinienne actuelle.

Deuxièmement, quand Israël et les Palestiniens ré-engageront éventuellement des négociations, la diplomatie devra être basée sur le réalisme. La course à un accord au statut permanent à Camp David et aux pourparlers à Taba en Egypte, en janvier 2001 a échoué parce que les distances entre les parties étaient trop larges. La seule option sérieuse pour une négociation couronnée de succès est basée sur un accord intérimaire à long terme qui met de côté pour l'avenir les questions qui ne peuvent pas être résolues à présent.

Depuis les presque deux ans d'intifada palestinienne, le peuple d'Israël a vu les vulnérabilités d'Israël exploitées, ses lieux saints profanés, des quantités massives d'armes introduites clandestinement et employées contre les villes d'Israël. Pour cette raison, Israël ne retournera pas aux vulnérables lignes d'armistice de 1967 , ne redivisera pas Jérusalem ou ne concédera pas son droit à des frontières défendables selon la Résolution 242. Le mouvement vers un accord intérimaire à long terme d'une manière permanente peut seulement être guidé par des changements de la réalité dans les relations Israélo-palestiniennes sur le terrain et pas par un calendrier rigide.

Finalement, pour atteindre à une paix stable, la diplomatie doit avoir une portée régionale. Dans la Guerre des Six Jours, Israël a fait face à une coalition d'états arabes. Il est logique qu'Israël ne puisse pas atteindre une paix permanente avec les Palestiniens en s'isolant. Israël a besoin de la paix avec le monde arabe en entier. C'est pour cette raison, qu'Israël a proposé une conférence régionale de paix , des états du Moyen-Orient de même opinion qui rejettent le terrorisme et cherchent à augmenter la stabilité régionale. L'idée de la conférence est basée sur le principe que la suppression du terrorisme aménera à la conciliation et pas l'inverse.

Il y a un peu plus d'une décennie, la victoire américaine dans la guerre du Golfe Persique a établi les conditions nécessaires pour convoquer la conférence de paix de Madrid. Il a été prouvé alors que la sécurité est la condition préalable à la paix. De la même façon une victoire dans la guerre contre le terrorisme fournira aujourd'hui une nouvelle base diplomatique pour une paix stable au Moyen-Orient.

Ariel Sharon est Premier ministre d'Israël


Le moyen de progresser au Proche-Orient

Par Ariel Sharon
(Traduit de l'hébreu par Tania Berg -Rafaëli)


Il y a trente-cinq ans, le 5 juin 1967, au début de la guerre des Six-Jours, Israël trouvait son existence menacée lorsque les troupes des armées arabes se rassemblaient le long des fragiles lignes d'armistice qui avaient séparé les forces arabes et israéliennes depuis 1949. Le long des collines de Judée-Samarie, qui avaient été occupées par les Jordaniens, des unités d'infanterie et de blindés se déployèrent, prêtes à couper la plaine côtière israélienne qui n'avait que de 13 km de large à la hauteur de Natanya. Un tiers de l'armée iraquienne traversait le territoire jordanien, prête à se joindre à la coalition contre Israël. L'objectif déclaré de cette attaque était d'éliminer Israël.



Israël ne pénétrait en Judée-Samarie qu'après que ses villes et ses aéroports avaient été pris sous le feu de l'ennemi. Les opérations israéliennes étaient parfaitement légales, puisqu'il s'agissait clairement d'actions de légitime défense. C'est pourquoi, le Conseil de Sécurité de l'ONU déterminait, dans une décision historique, la résolution 242, qu'Israël avait le droit à « des frontières sûres et reconnues » et n'était pas censé se retirer de tous les territoires dans lesquels ses forces étaient entrées, et desquels Israël avait été attaqué, durant la guerre des Six-Jours. En effet, la résolution stipulait qu'il s'agissait de territoires disputés sur lesquels Israël avait le droit légitime à des frontières défendables, parallèlement aux revendications des parties arabes au conflit.



Conformément à la résolution 242, qui devint la pierre angulaire du processus de paix, Israël se retirait de la péninsule du Sinaï selon le traité de paix conclu avec l'Egypte en 1979. C'est en vertu des principes de la résolution 242 qu'Israël assistait à la conférence de paix de Madrid en 1991 au cours de laquelle le président Bush (père) exprimait l'idée de « compromis territorial » entre les parties. Une fois encore, dans la ligne de la résolution 242, opérant conformément aux accords d'Oslo de 1993, Israël retirait son armée des zones de population palestinienne, de sorte que, en 1999, 98 % des Palestiniens en Judée-Samarie et à Gaza était sous contrôle palestinien.



Néanmoins, les dirigeants palestiniens décidaient de débuter la guerre actuelle contre Israël après l'échec du sommet de Camp David en juillet 2000. Plutôt que de résoudre les différends entre Israéliens et Palestiniens de manière pacifique, ils encouragèrent une vague d'attentats terroristes contre les Israéliens. Ils ne respectèrent pas les engagements qu'ils avaient signés et selon lesquels ils devaient démanteler les organisations terroristes internationales comme le Hamas et le Djihad islamique. Bien au contraire, ils leur fournirent un asile dans leurs zones de juridiction. Ils déchaînèrent également leurs forces les plus fidèles, comme les milices du Tanzim appartenant au Fatah et la garde présidentielle, contre des civils israéliens. Finalement, le conseiller financier personnel de Yasser Arafat, Fouad Shoubaki, ne se contentait pas de financer de nombreux attentats, mais organisait également un consortium de terrorisme au Proche-Orient composé de l'Autorité palestinienne, l'Irak et l'Iran.



En dépit de cette situation, il y a moyen de progresser. Premièrement, Israël doit vaincre le terrorisme ; il ne pourra négocier tant que le terrorisme n'aura pas cessé. Israël a effectué dans le passé de douloureuses concessions pour obtenir la paix et fera encore preuve de flexibilité diplomatique l'obtenir, mais il exige tout d'abord un partenaire fiable. En 1977, quand le président égyptien Anouar el-Sadate se rendait à Jérusalem, il disait au peuple israélien « assez à la guerre ». A partir de là, grâce au traité de paix signé en 1979, la menace de la violence qui planait sur les relations égypto-israéliennes disparut. Le roi Hussein de Jordanie suivait le même modèle en 1994. Malheureusement, cet engagement élémentaire à renoncer à la violence de façon permanente dans la résolution de discordes politiques n'est pas respecté par les actuels dirigeants palestiniens.





Deuxièmement, quand Israël et les Palestiniens finiront par se ré-engager dans le processus de négociations, il faudra que la diplomatie soit empreinte de réalisme. La course vers un accord sur le statut permanent à Camp David et aux pourparlers de Taba, en Egypte, en janvier 2001, a échoué en raison des importantes divergences entre les deux parties. La seule option sérieuse pour qu'un accord négocié puisse réussir doit être basée sur un accord intérimaire à long terme qui repousse à plus tard les problèmes qui ne peuvent pas être résolus pour le moment.



Dans cette période de presque deux années d'Intifada palestinienne, le peuple israélien a été témoin de l'exploitation des faiblesses israéliennes, de la profanation de ses lieux saints, de la contrebande massive d'armes à feu dirigées contre ses villes. C'est pour cette raison qu'Israël ne retournera pas aux vulnérables lignes d'armistice de 1967, ne divisera pas Jérusalem à nouveau, ni ne fera de concessions sur son droit à des frontières défendables conformément à la résolution 242. La seule manière d'obtenir un mouvement d'un accord intérimaire à long terme vers un arrangement permanent est que surviennent des changements dans la réalité des relations israélo-palestiniennes et non par la fixation d'un calendrier rigide.



Finalement, afin d'obtenir une paix stable, il faut que le processus diplomatique ait une portée régionale. Durant la guerre des Six-Jours, Israël a dû faire face à une coalition d'Etats arabes. Il est logique qu'Israël ne puisse atteindre une paix permanente avec les Palestiniens de façon isolée. Israël a besoin de la paix avec tout le monde arabe. C'est pour cette raison qu'Israël a proposé une conférence de paix régionale avec des Etats modérés du Proche-Orient qui rejettent le terrorisme et cherchent à renforcer la stabilité régionale. L'idée d'une conférence est basée sur le principe selon lequel c'est par l'éradication du terrorisme qu'il sera possible de faire la paix, et non l'inverse.



Il y a un peu plus de dix ans, la victoire américaine dans la guerre du Golfe établissait les conditions nécessaires pour se réunir à la conférence de paix de Madrid. Il a été prouvé alors que la sécurité est une condition préalable à la paix. De même, aujourd'hui, une victoire dans la guerre contre le terrorisme fournira une nouvelle base diplomatique pour une paix stable au Proche-Orient.

Ariel Sharon est Premier ministre d'Israël




The Way Forward in the Middle East
By ARIEL SHARON

JERUSALEM Thirty-five years ago, on June 5, 1967, the start of the Six Day War, Israel faced a threat to its very existence as a coalition of Arab armies massed their troops along the fragile armistice lines that had separated Arab and Israeli forces since 1949. Along the hills of the West Bank, which had been occupied by the Jordanians, armored and infantry units were deployed, ready to cut Israel's narrow coastal plain, which was only eight miles wide at Netanya. A third of the Iraqi army was crossing Jordanian territory, ready to join the coalition against Israel. The declared goal of the attack was Israel's elimination.

Israel entered the West Bank only after its cities and airports had come under heavy fire. Israeli actions were legal resulting from a clear-cut war of self-defense. For that reason, the United Nations Security Council determined in a historic decision, Resolution 242, that Israel was entitled to "secure and recognized boundaries" and was not expected to withdraw from all the territories that its forces had entered and from which it was attacked in the Six Day War. In effect, the resolution established that these were disputed territories where Israel had legitimate rights to defensible borders, besides the claims of the Arab parties to the conflict.

Under Resolution 242, which became the cornerstone of peacemaking, Israel withdrew from the Sinai Peninsula in accordance with the 1979 peace treaty with Egypt. It was under the principles of Resolution 242 that Israel attended the 1991 Madrid peace conference where President George H. W. Bush spoke about a "territorial compromise" between the parties. And again in line with Resolution 242, Israel, operating under the 1993 Oslo agreement, withdrew its military government over the Palestinian population so that by 1999, 98 percent of the Palestinians in the West Bank and Gaza were under Palestinian rule.

Nonetheless, the Palestinian leadership decided to initiate the current war against Israel after the failure of the Camp David summit in July 2000. Rather than resolve Israeli-Palestinian differences peacefully, it deliberately promoted a wave of terrorist attacks against the people of Israel. It failed to implement its written obligations to dismantle international terrorist groups like Hamas and Islamic Jihad. Instead it provided them with sanctuary in the area under its jurisdiction. It also unleashed some of its most loyal forces, like the Tanzim militia of the Fatah movement and the presidential guard, Force 17, against Israeli civilians. Finally, Yasir Arafat's personal financial adviser, Fuad Shubaki, not only paid for many of these attacks, but also organized a consortium of Middle Eastern terrorism built on the Palestinian Authority, Iraq and Iran.

Despite this situation, there is a way forward. First, Israel must defeat terrorism; it cannot negotiate under fire. Israel has made painful concessions for peace before and will demonstrate diplomatic flexibility to make peace again, but it requires first and foremost a reliable partner for peace. In 1977, when Egyptian President Anwar el-Sadat came to Jerusalem, he told the people of Israel, "No more wars." From that point onward, the threat of violence was removed from the Egyptian-Israeli relationship as both negotiated their 1979 Treaty of Peace. King Hussein of Jordan followed the same pattern in 1994. This elementary commitment to permanently renouncing violence in the resolution of political differences has unfortunately not been kept by the present Palestinian leadership.

Second, when Israel and the Palestinians eventually re-engage in negotiations, diplomacy must be based on realism. The race to a permanent-status agreement at Camp David and in talks at Taba, Egypt, in January 2001 failed because the gaps between the parties were too wide. The only serious option for a successful negotiated settlement is one based on a long-term interim agreement that sets aside for the future issues that cannot be bridged at present.

In the nearly two years of the Palestinian intifada, the people of Israel have seen Israel's vulnerabilities exploited, its holy sites desecrated and massive weaponry smuggled and used against Israel's cities. For this reason, Israel will not return to the vulnerable 1967 armistice lines, redivide Jerusalem or concede its right to defensible borders under Resolution 242. Movement from a long-term interim agreement to a permanent settlement can only be guided by changes in the reality of Israeli-Palestinian relations on the ground and not by a rigid timetable.

Finally, in order to reach a stable peace there has to be regional scope to diplomacy. In the Six Day War, Israel faced a coalition of Arab states. It is logical that Israel cannot reach a permanent peace with the Palestinians in isolation. Israel needs peace with the entire Arab world. For this reason, Israel has proposed a regional peace conference of like-minded Middle Eastern states that reject terrorism and seek to enhance regional stability. The idea of the conference is based on the principle that eradicating terrorism will set the stage for peacemaking, and not the reverse.

A little over a decade ago, the American victory in the Persian Gulf war established the necessary conditions for convening the Madrid peace conference. It was proved then that security is the prerequisite of peace. Similarly, a victory in the war on terrorism today will provide a new diplomatic basis for a stable Middle East peace.

Ariel Sharon is the prime minister of Israel.

© New York Times, 2002